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Une procédure « de sécurité » inappliquable en l’état !

samedi 7 juillet 2007 par CFDT Plateforme Belle Etoile

 St FONS le 1er juillet 2007

Le Secrétaire du CHSCT pour la CFDT à

M. le Responsable de l’UP BHC/BH/BH3

NOTE CONCERNANT LA PROCEDURE DE SERVICE DE CHARGEMENT DE L’ALLIAGE DE NICKEL EN POUDRE


Suite à notre rencontre du 28 juin 2007, je reviens vers vous pour préciser de nombreux points, en rappeler d’autres et corriger quelques inexactitudes !

 Histoire

Contrairement à l’idée véhiculée par certaines personnes, la CFDT à travers l’instance du CHSCT essaye d’améliorer les conditions générales du poste de chargement d’alliage de Nickel depuis maintenant plus de 12 ans.

  1. Le principe :
    Pour éliminer la formation d’hydrogène dans le ciel des Patouillets [1] lors de la dilution de la poudre d’alliage de Nickel dans l’eau, la solution technique retenue à l’époque a été de créer un passage d’air forcé par un ventilateur.
    L’air entre par la goulotte de chargement de la poudre, balaye le ciel du Patouillet et est éjecté à travers le ventilateur par un tuyau à échappement libre. L’effet désiré est correctement atteint, puisque nous n’avons pas de concentration d’hydrogène dans les ciels. L’air apporté en grande quantité nous maintient largement en dessous de la limite inférieure d’explosivité. [2]
    Par contre, lorsque l’opérateur verse le fût d’alliage de Nickel, la ventilation aspire les pulvérulents en suspension dans le ciel et les rejette dans l’atmosphère par l’échappement libre.
    Cette affirmation est prouvée par la grande quantité de poussière d’alliage de Nickel proche de la zone de chargement de BHC. [3]
    Dès 1992, la CFDT en CHSCT avait dénoncé cette situation complètement anormale sur ce poste.
    Après plusieurs demandes, la Direction a essayé de nous apporter un début de solution. La proposition de modification nous a été présentée lors d’un CHSCT en 1993 ou 1994.
  2. Le constat :
    Puisque le ventilateur aspire les poussières pendant le chargement et les refoule à l’extérieur, alors empêchons le ventilateur d’aspirer le ciel afin qu’il ne refoule pas les poussières à l’extérieur.
  3. Solution technique :
    L’idée était de couvrir avec un capot le basculeur de fûts et par la même occasion la goulotte de chargement. S’il n’y a pas d’air à l’entrée, il n’y a pas d’air en transit dans le ciel et donc pas d’air chargé de poussières à renvoyer à l’extérieur.
    Il fallait quand même ajouter une sécurité. Le ventilateur ne peut pas rester avec son aspiration fermée trop longtemps ! Il y a un risque de griller le moteur.
    C’est pourquoi, si le capot reste fermé, et si la dépression d’air est atteinte (- 60mmHg), une alarme sonne en salle de contrôle. Un compte à rebours s’enclenche, passé un délai de 10 secondes et si la dépression de - 10 mmHg est atteinte. Alors une vanne s’ouvre et permet l’injection d’air brut (sous 3 bars) afin de rétablir une aspiration artificielle pour préserver le ventilateur.
    Ce rétablissement de la circulation d’air apporte :
    • une aspiration forcée vers ciel du Patouillet
    • vers le ventilateur
    • enfin vers l’extérieur.
  4. Inconvénient majeur :
    Si cette sécurité s’enclenche, l’air envoyé dans le ciel du Patouillet ramone complètement à rebours la goulotte de chargement et projette les poussières dans la cabine ! Là où se trouve l’opérateur.
  5. Conclusion :
    A l’époque, devant cette présentation, la CFDT avait émis des réserves. Nous trouvions la solution technique hasardeuse, complexe, peu convaincante…
    Nous reconnaissions néanmoins la volonté de la Direction d’essayer d’apporter une solution.
    Cependant, nous préconisions aux salariés de porter les masques anti-poussières de type FFP3. [4] Cette préconisation n’était pas encore celle du Médecin du travail d’alors !
    Devant notre scepticisme, la Direction décidait d’installer un seul capot à titre d’essai.
    Lors de l’arrêt technique de 1995 pour le passage de l’atelier en procédé BEATRICE un seul Patouillet fut donc équipé.
    Le capot était un formidable échec. Le capot fermé ou pas, les poussières étaient toujours aussi importantes à l’échappement libre.
    C’est logique !
    • Si la valeur de sécurité de dépression n’est pas atteinte, cela signifie que de l’air entre par la goulotte.
    • Donc s’il entre, il ressort,
    • s’il ressort les poussières sortent également.
      Par contre si la fermeture du capot permet l’arrêt du passage d’air
    • Alors le ciel est en dépression
    • alors la sécurité est atteinte.
    • Et si elle est atteinte, nous avons vu plus haut les conséquences.
      De plus, le capot était plus une gêne qu’une aide, car il devenait impossible de vérifier le réel basculement du fût une fois le capot fermé. Si l’attente devenait trop longue, systématiquement la sécurité d’air ventilateur s’enclenchait.
      Pour ne rien arranger, iI n’y avait probablement à l’époque pas les mêmes réglages de dépression qu’aujourd’hui.
      Les opérateurs, plutôt que de prendre de la poussière à cause du déclenchement de la sécurité du ventilateur, préféraient ne pas utiliser le capot et manoeuvraient le basculeur de fûts comme auparavant.
      Cette situation est resté en l’état jusqu’en 1997 ou 1998 !
  6. La CFDT continue :
    Nous avons continué à dénoncer cette situation en CHSCT, mais avec cette fois avec un handicap majeur ! La protection collective installée était sévèrement inefficace, mais elle était installée…
    La nouvelle Direction a usé du stratagème suivant : plutôt que de reconnaître l’inefficacité du capot d’aspiration et commander une nouvelle étude pour explorer une nouvelle piste technique, il a été installé le deuxième capot !
    La restriction de 1995 précisait, qu’un deuxième capot serait installé, si le capot numéro 1 fonctionnait et donnait satisfaction. En installant le deuxième capot, cela prouvait d’office le bon fonctionnement du premier ainsi que la satisfaction. CQFD !
    Nous connaissons tous la suite… Nous avons maintenant deux capots complètement inutiles, dont personne ou presque ne se souvient le pourquoi de l’installation. Mais où il y a la certitude de leur efficacité.
    Pourtant, il y a toujours autant de poussières dans le local, à l’extérieur, sur les murs, les vannes, le toit du bâtiment d’activation, peut être également dans les gaines des ventilations de la salle de contrôle, du réfectoire, des vestiaires…
    En 2002, il y a eu une campagne pour rafraîchir l’atelier. La couche de peinture déposée cette année-là, a été vite recouverte de poussières d’alliage de Nickel. Personne ne peut nier cet état de fait !

     Histoire récente

    Suite à mon étude d’analyse des risques de 2003, le Médecin du travail a conseillé la même année, le port d’une combinaison par-dessus le bleu de travail, en plus du masque FFP3 que nous-mêmes préconisions jusqu’ici.
    Il a profité de cette note, pour demander également le port du masque FFP3 lors des charges d’alliage de Nickel. Concernant ce dernier point, il a rendu officielle une habitude désormais largement répandue au sein de l’atelier.
    Ces deux nouvelles façons de travailler ont été présentées officiellement lors d’une plénière du CHSCT de 2003.
    Nous avons émis quelques réserves concernant le port de la combinaison. Pour nous c’était l’arbre qui masquait la forêt.
    Comment espérer améliorer largement le risque d’inhalation des poussières avec une simple combinaison de protection, lorsque dans le même temps, le tuyau à échappement libre rejette dans l’atmosphère la totalité du ciel du Patouillet chargé de poussières de Nickel ?
    La CFDT n’en a pas fait un cheval de bataille, car il s’agissait d’une simple recommandation du Médecin du travail.

     Aujourd’hui

    La situation technique est toujours identique. Les capots sont une gêne dans l’exercice du travail et n’apportent rien concernant l’amélioration des risques.
    Par contre un certain nombre d’idées fausses sont véhiculées. Chacun ajoute une pierre à l’édifice “sécurité” sur une base de départ où il y a de mauvaises fondations.
    Les règles succèdent aux règles, elles n’améliorent pas intrinsèquement le poste de chargement, mais complexifient à outrance le travail, pour un résultat bien loin de nos espérances.
    Le risque est d’oublier complètement les mauvaises options prises auparavant qui nous ont conduits dans l’impasse où nous nous trouvons aujourd’hui !
    Votre note 4NY 09 160 est inapplicable dans son état.
    Je ne m’étendrais pas sur le non respect de l’article R 233-42-1 et de l’article R. 233-43 du code du travail.
    Mais cette note ne devra pas dans sa version définitive en faire l’impasse pour autant.
    Je ne reviendrais pas sur l’obligation inscrite dans la note de signer chaque action lors d’une charge du Patouillet, nous en avons largement débattu lors de notre entretien, nous sommes tombés d’accord, le problème est réglé.
    Cette disposition sera supprimée dans la prochaine version.
    Vous m’avez proposé un groupe de travail. Après réflexion et après avoir constaté le fossé qu’il existait entre nous sur la connaissance :

    • des missions du CHSCT
    • son implication au sein de l’entreprise
    • sa consultation obligatoire et incontournable dans de nombreux domaines du HSE [5]
      Je me vois dans l’obligation à mon grand regret de décliner pour le moment cette invitation !
      Cette réunion serait une perte de temps pour tous les participants. Nous devons avant tout nous accorder sur un certain nombre de constats. Si possible, nous appuyer sur une démarche scientifique et pragmatique en laissant de côté les visions dogmatiques.
      Pour améliorer notre réflexion, je me dois de rétablir ici quelques vérités. C’est bien l’objet de cette lettre. Dans le calme, j’ai ainsi la possibilité de détailler la réalité du terrain, les choix techniques plus ou moins hasardeux de l’époque, nos contraintes de travail, l’objectif recherché et enfin comment s’articule autour de tous ces points la mission du CHSCT.

       Globalement :

    • Le capot n’est pas une protection pour l’opérateur lorsqu’il charge. Cela n’est pas la philosophie de sa présence. C’est à l’origine pour empêcher la projection des poussières par l’échappement libre.
    • Le capot est inefficace dans cette configuration
    • Au mieux, la situation est identique qu’avec une charge sans capot.
    • Au pire, son utilisation peut être aggravante en cas de déclenchement de la sécurité d’air du ventilateur.
    • Porter une combinaison sur le bleu de travail pourrait améliorer le risque d’inhalation des poussières par l’opérateur, s’il n’y avait aucune poussière à l’échappement libre.
  7. Plus précisément :
    • Le port du casque de protection de la tête est ici superflu. Les opérateurs travaillent dans un local couvert par un toit. Ici c’est encore l’article R. 233-42-1 qui s’applique.
    • Concernant la combinaison jetable. S’il est décidé de maintenir cette disposition. Prendre une combinaison stockée dans un placard, sous le vent des poussières d’alliage de Nickel, n’est peut-être pas le meilleur choix !
    • Idem pour le masque et les gants
    • Attendre une minute capot fermé (il est précisé impératif). C’est multiplier les chances d’atteindre la première sécurité à - 60mmHg qui va lancer la temporisation. Passé 10 secondes de cette temporisation, la vanne d’air va s’ouvrir. L’air sous pression, nous l’avons vu, va balayer violemment le ciel et la goulotte de chargement.
    • Nettoyer le poste ! Avec quoi ? Comment ?
    • Nettoyer et retirer les gants ! Comment ? Avec quoi ?
    • Placer les EPI dans la poubelle prévue à cet effet ! Il n’y a pas de poubelle. Aujourd’hui les EPI sont placés dans un ancien fût d’alliage de Nickel. Ce fût est ensuite descendu à zéro mètre et versé dans la poubelle alimentaire ! Il devient un déchet ménagé ! Les opérateurs brassent une nouvelle fois des EPI (soit disant) souillés et dispersent dans l’atmosphère des poussières d’alliage de Nickel.
  8. Nos remarques :
    • Si nous partons du principe que la combinaison nous protège fortement des poussières d’alliage de Nickel, alors il est inconcevable de se déshabiller sans avoir procédé auparavant à une aspiration de la combinaison. Sinon, lorsque la combinaison est retirée, les poussières sont remises en suspension et se collent alors sur le bleu de travail.
    • Si nous partons du principe que la combinaison nous protège fortement des poussières d’alliage de Nickel, alors nous devons marcher avec des sur-bottes. Car pour le moment nos chaussures ne bénéficient pas de cette attention. Nous n’allons quand même pas éliminer à chaque fois les chaussures. Nous avons abordé le problème ensemble. Mais dans ce cas-là, nous retombons sur le point précédent. Il faut aspirer les sur-bottes avant de les retirer.
    • Si nous devons nous aspirer avant de nous déshabiller, il faut un aspirateur. Et il faut prévoir dès aujourd’hui l’évacuation du filtre de l’aspirateur.
    • Il faut aussi prévoir qui s’occupe de l’entretien de l’aspirateur et comment ?
    • Nettoyer le poste ! Pourquoi pas, mais il faut encore un aspirateur. Et nous avons toujours le problème d’évacuation des filtres !
    • Si nous partons du principe que la combinaison nous protège fortement des poussières d’alliage de Nickel, alors nous devons considérer les combinaisons comme souillées. Elles ne peuvent pas et ne doivent pas être évacuées comme un simple déchet ménager. Nous devons réfléchir à la mise en place d’une chaîne logique d’évacuation de déchets industriels. Il faut donc se concerter avec le service environnement.

       Conclusion :

      Nous le voyons : aborder la sécurité n’est pas une chose simple. Il faut une certaine cohérence dans le choix des options. Vérifier si une option n’est pas en complète contradiction avec une autre ? Car l’application de l’une annihile parfois toutes les précautions prises précédemment.
      Se forcer à garder un œil critique, afin de garder en ligne de mire l’objectif recherché : L’amélioration de la sécurité des hommes.
      Posséder un esprit critique, cela n’est pas rejeter systématiquement les options proposées. C’est les rejeter sans état d’âme, lorsqu’elle sont inutiles. Pour dire les choses simplement, c’est ne pas courir après des chimères.
      Inutile de se prémunir à 100% sur un risque minime, s’il existe par ailleurs un risque maximum qui n’a pas été traité correctement.
      Le manque de cohérence (et c’est normal) n’est pas compris et mal accepté par les utilisateurs.
      Un EPI n’est jamais anodin dans son utilisation. Il occasionne des gênes dans le travail, de la fatigue, du stress…
      C’est pourquoi lorsqu’un EPI devient incontournable à un poste de travail, les conditions dans lesquelles, il doit être utilisé, les lieux où il doit être utilisé, sa durée de port, doivent être débattus en CHSCT n’en déplaise à certains !
      Le législateur a légiféré dans ce sens. Article R. 233-42-1 du code travail.
      C’est l’une des missions du CHSCT.
      La pire des situations qu’il m’a été donné d’apprendre lors de mes nombreuses formations en HSE est l’application d’une règle de sécurité par une décision unilatérale. C’est la meilleure option pour ne pas avoir une bonne sécurité au final. Dans ces cas là, les protections collectives ou individuelles sont systématiquement contournées.
      N’ayez aucune espèce de doute à ce sujet, c’est exactement ce que je ne souhaite pas et que j’espère, vous ne souhaitez pas non plus.
      Enfin, je me dois de rappeler ici l’article L 230-2 alinéa h du code du travail.
      La protection collective doit être prioritaire sur l’équipement de protection individuel.
      C’est dans ce sens qu’a toujours travaillé la CFDT. Ce n’est pas le chemin que nous sommes entrain d’emprunter ! Veiller à cette disposition est aussi une des nombreuses missions du CHSCT.
      Si nous parvenons ensemble à trouver une solution technique d’équipement collectif pour arrêter le rejet des poussières d’alliage de Nickel dans l’atmosphère, nous n’aurons plus à nous poser toutes ces questions.
      C’est donc bien là qu’est la clef. Et c’est donc là, qu’il nous faut porter tous nos efforts. Nos efforts de recherche, de réflexion, de moyens humains et enfin de moyens financiers.

Notes

[1Récipient industriel équipé d’une agitation permettant le mélange d’aliage de Nickel avec l’eau

[2LIE comme abréviation

[3Atelier d’hydrogénation

[4Norme la plus élevée garantissant que le masque papier est capable de filtrer les fibres d’amiante

[5Acronyme utilisé dans les entreprises pour définir l’hygiène sécurité environnement

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